Pourtant, un choix stratégique va limiter son attractivité : l’absence de lecteur DVD. À une époque où le format s’impose dans les foyers, ce manque se révèle un handicap majeur. Les familles, cibles privilégiées de Nintendo, préfèrent la PS2, qui offre à la fois un lecteur DVD intégré et une ludothèque déjà riche.
Autre particularité de la GameCube : ses mini-DVD propriétaires, d’une capacité limitée à 1,5 Go (contre 4,7 Go pour un DVD standard). Si ce format réduit les temps de chargement, il complique aussi le travail des développeurs et limite la taille des jeux. Résultat : malgré des titres comme Super Smash Bros. Melee ou Metroid Prime, la console peine à séduire au-delà de son public traditionnel, souvent perçu comme trop jeune. En Europe, où le jeu vidéo commence à toucher un public plus adulte, la GameCube reste cantonnée à une image de console pour enfants.
Microsoft et la Xbox : une entrée en fanfare, mais un public limité
La même année, Microsoft entre dans la danse avec la Xbox, une console puissante et ambitieuse : processeur Intel Pentium III, carte graphique Nvidia, disque dur intégré, et une architecture proche des PC, ce qui facilite le travail des développeurs. Sur le papier, la Xbox surpasse la PS2 en termes de performances brutes. Pourtant, un détail va freiner son adoption : le lecteur DVD nécessite un accessoire payant (une télécommande vendue séparément). Une décision qui limite son attrait pour le grand public, déjà conquis par la PS2 et son double usage console/lecteur DVD.
Autre obstacle : la Xbox est perçue comme une console “geek” et américaine, avec un catalogue initial axé sur les FPS et les jeux occidentaux. En Europe, où les goûts sont plus variés (sport, RPG, jeux familiaux), elle peine à s’imposer face à la PS2, déjà solidement installée. Malgré des exclusivités comme Halo: Combat Evolved, la Xbox reste une niche, loin derrière la domination de Sonyen.wikipedia.org.
L’Europe, terre de conquête pour la PS2
Si la PS2 s’impose partout, c’est en Europe qu’elle devient une véritable forteresse. Plusieurs facteurs expliquent ce succès :
➤ Le football : la série Pro Evolution Soccer (PES) devient un phénomène culturel, surtout en Belgique, en France et en Espagne. Pour toute une génération, la PS2 est la console des soirées entre amis, des tournois improvisés et des rivalités endiablées.
➤ Le prix : malgré des performances techniques inférieures à la Xbox ou à la GameCube, la PS2 bénéficie d’un rapport qualité-prix imbattable, grâce à son double rôle de console et de lecteur DVD.
➤ Les stocks massifs : Sony inonde le marché européen, mais maintient une pénurie ciblée sur certains accessoires, comme les cartes mémoire. En Belgique et en France, trouver une carte officielle relève parfois du parcours du combattant, ce qui alimente paradoxalement l’aura de rareté de la console.
Cette stratégie porte ses fruits : en 2002, la PS2 est déjà installée dans des millions de foyers européens, bien avant que la GameCube ou la Xbox ne parviennent à s’y imposer. Les jeux familiaux (comme SingStar ou Buzz!) et les adaptations de blockbusters cinématographiques (Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux) achèvent de faire de la PS2 la console du salon, bien au-delà du cercle des gamers.