Avec plus de 100 millions d’unités écoulées en six ans, la PS1 a non seulement imposé le CD-ROM comme standard, mais elle a aussi redéfini l’image du gaming, le rendant plus mature et accessible. Son succès a ouvert la voie à une suite ambitieuse : la PlayStation 2, conçue pour aller bien au-delà du simple divertissement ludique.
Ken Kutaragi et Norio Ōga : le duo visionnaire
Derrière ce projet audacieux se cache Ken Kutaragi, architecte de la première PlayStation et défenseur d’une vision radicale : transformer la console en un véritable centre multimédia. Son idée ? Intégrer un lecteur DVD, une technologie émergente en 1998, encore coûteuse et peu répandue. Pour Kutaragi, la PS2 devait reproduire le coup de maître de la PS1, qui avait popularisé le CD audio, en devenant cette fois le fer de lance du DVD dans les salons du monde entier. Un pari risqué, mais soutenu par Norio Ōga, alors PDG de Sony et fin stratège. Ce dernier, déjà à l’origine de l’adoption du CD dans la PS1, voit dans le DVD une opportunité de toucher un public bien plus large que les seuls joueurs : les familles, les cinéphiles, et tous ceux en quête d’une solution multimédia abordable.
Un marché en ébullition
Dès 1998, les rumeurs autour de la PS2 commencent à circuler. Les médias spécialisés évoquent une machine capable de faire tourner les jeux de la première PlayStation, dotée d’une puissance graphique inégalée et d’un design futuriste. Pendant ce temps, Sega tente de reprendre l’avantage avec sa Dreamcast, sortie la même année. Malgré des performances impressionnantes et des titres comme SoulCalibur, la console de Sega peine à convaincre, victime d’un phénomène psychologique inédit : les joueurs et les éditeurs préfèrent attendre la PS2, perçue comme l’avenir inévitable du jeu vidéo. Ce "Dreamcast effect" scelle le sort de Sega avant même que Sony ne dévoile officiellement sa nouvelle machine.
Une attente sans précédent
Le mystère entretenu par Sony autour de la PS2 alimente une hype sans précédent. Les forums s’embrasent, les magazines spéculent, et la console devient un objet de désir avant même d’être présentée. Au Tokyo Game Show 1999, elle est déjà une légende en devenir, promise à succéder à un empire et à incarner une nouvelle ère technologique.
Le DVD, un atout maître
L’intégration d’un lecteur DVD dans la PS2 n’allait pas de soi. Les coûts de production inquiétaient les ingénieurs, et certains craignaient des problèmes de compatibilité. Pourtant, Kutaragi et Ōga persistent, convaincus que le DVD remplacerait la VHS et que Sony pouvait en être le catalyseur. Leur intuition s’avérera juste : la PS2 deviendra bien plus qu’une console, mais un appareil polyvalent, adoptée par des millions de foyers bien au-delà de la communauté gaming.
La rétrocompatibilité, un argument clé
À une époque où chaque nouvelle génération de consoles signait la fin des anciens jeux, Sony innove en annonçant que la PS2 sera compatible avec la ludothèque de la PS1. Une promesse qui rassure les joueurs : acheter la nouvelle console ne signifiait pas abandonner leurs titres préférés. Certains ont même acquis la PS2 avant la sortie de ses premiers jeux "next-gen", simplement pour profiter de leurs classiques… et d’un lecteur DVD à prix réduit.