Ses consoles ont accueilli les plus grandes licences maison — Mario, Zelda, Pokémon — mais ont souvent été exclues des rendez-vous majeurs du jeu vidéo moderne.
La faute à des choix techniques atypiques, à une philosophie de design singulière, et à une relation complexe avec les éditeurs tiers. Depuis la rupture du début des années 90, quand le CD-ROM a propulsé Sony sur le devant de la scène, Nintendo n’a jamais retrouvé sa place dans le cercle des consoles “principales” pour les blockbusters. La GameCube, la Wii, la Wii U, même la Switch première du nom : toutes ont été des succès partiels, mais rarement des plateformes AAA.
Et pourtant, en 2025, quelque chose change. La Switch 2 arrive avec un hardware plus robuste, un partenariat technique avec Nvidia, et surtout une ambition nouvelle : accueillir les mêmes jeux, au même moment, que ses rivales. Fini les portages tardifs, les versions cloud, les adaptations dégradées. Nintendo veut jouer dans la cour des grands.
Le signal le plus fort vient de Capcom, avec l’annonce de Resident Evil Requiem en sortie simultanée sur Switch 2, PS5, Xbox Series et PC. Un AAA majeur, livré sans distinction, qui marque une rupture symbolique. Et autour de ce geste, une série de mouvements s’enclenche : EA, Ubisoft, Square Enix… tous commencent à tester le terrain.
Ce dossier explore cette bascule. Il revient sur l’histoire tumultueuse entre Nintendo et les éditeurs tiers, analyse les stratégies des trois grands constructeurs, décrypte les enjeux techniques, et interroge les conséquences d’un tel repositionnement.
Car derrière Requiem, ce n’est pas seulement un jeu qui se joue. C’est une recomposition industrielle, un test grandeur nature, et peut-être le début d’un nouveau duel — celui qui opposerait à nouveau Sony et Nintendo, mais sur un terrain qu’on croyait réservé aux autres.