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Chapitre 3 : L’effet Switch 2 – la convergence en marche

Il y a des consoles qui marquent leur époque, et il y a celles qui la transforment. La Nintendo Switch, lancée en 2017, a fait les deux. En 2025, sa descendante, la Switch 2, ne se contente pas de succéder : elle confirme et amplifie une tendance de fond. Le jeu vidéo n’est plus enfermé dans la dichotomie “salon vs portable”. Il est désormais hybride par essence.

Et cette évolution ne concerne pas que Nintendo : tout le secteur s’en inspire, directement ou indirectement.

La Switch originelle : un précédent historique

Quand Nintendo a révélé la Switch en octobre 2016, l’idée paraissait saugrenue : une console que l’on branche à la télé et que l’on emporte dans son sac. Les précédentes expériences hybrides (Wii U en tête) avaient laissé sceptiques. Mais cette fois, la formule était juste.
➤ Sur le plan technique, l’appareil n’était pas un monstre de puissance. Processeur Tegra vieillissant, résolution fluctuante, concessions multiples.
➤ Sur le plan conceptuel, c’était un coup de génie. Jouer à Zelda: Breath of the Wild sur la télé, puis décrocher la console pour continuer dans le train : voilà un argument que personne ne pouvait ignorer.
Résultat : plus de 140 millions d’unités vendues. La Switch a non seulement sauvé Nintendo après l’échec de la Wii U, mais elle a aussi imposé une nouvelle norme : l’hybride fonctionne, le public adore.

Switch 2 : continuité et rupture

La Switch 2, arrivée en 2025, reprend le principe mais corrige les limites.

➤ Puissance accrue grâce au SoC Nvidia Lovelace personnalisé, avec ray tracing matériel et upscaling DLSS.

➤ Écran OLED 8 pouces, plus lumineux et plus précis, qui rehausse l’expérience en mode portable.

➤ Compatibilité ascendante, permettant de conserver toute la ludothèque Switch, y compris en cartouches.

➤ Positionnement AAA : dès son lancement, la console s’accompagne de versions optimisées de CyberPunk 2077, Star Wars Outlaws et EA FC 25, tournant dans des conditions respectables.

Le message est limpide : la Switch 2 n’est plus une “console portable boostée”. C’est un vrai hardware de salon, qui se détache du socle quand on veut partir avec.

Console ou PC custom fermé ?

La question se pose désormais : qu’est-ce que la Switch 2, réellement ?

D’un côté, c’est bien une console fermée, avec son OS, ses exclus Nintendo, ses règles strictes. Impossible d’installer Steam ou l’Epic Games Store. Les joueurs restent dans le jardin de Kyoto.

De l’autre, ses caractéristiques techniques la rapprochent d’un PC custom. Architecture Nvidia, gestion de shaders, compatibilité avec des moteurs modernes (Unreal Engine 5, RE Engine) : les développeurs travaillent dessus comme sur un PC, avec des outils proches de ceux qu’ils utilisent pour PlayStation et Xbox.

Cette ambiguïté est cruciale. Car elle montre que Nintendo ne vend plus seulement une console familiale : il vend un format, une philosophie. La Switch 2, c’est l’incarnation de cette convergence : la puissance d’une console de salon, la portabilité d’une machine personnelle.

Le public a pris goût à l’hybride

La vraie réussite de la Switch 2 n’est peut-être pas dans son hardware, mais dans les attentes qu’elle a façonnées. Les joueurs ne veulent plus choisir entre deux expériences cloisonnées. Ils veulent la continuité :

➤ Commencer une partie dans le salon, la poursuivre dans le lit.

➤ Jouer sur grand écran quand c’est possible, mais sans renoncer à la portabilité.

➤ Retrouver le même confort de jeu, quelle que soit la configuration.

En somme, la Switch 2 a rendu naturelle une idée qui semblait improbable il y a quinze ans : que la même machine puisse être une console de salon et une console portable, sans compromis rédhibitoires.


Une sortie avec la switch

Sony, Microsoft : inspirations et réactions

L’effet Switch 2 dépasse Nintendo. Les concurrents observent, hésitent, puis avancent prudemment.

Sony et le Remote Play Portal

En 2023, Sony a lancé le PlayStation Portal, un appareil dédié au jeu en streaming local depuis la PS5. Techniquement limité, incapable de fonctionner en autonome, il n’a jamais prétendu remplacer la Switch. Mais son existence illustre une réalité : Sony sait que les joueurs veulent du portable. Le Portal est un premier pas, timide, vers une forme d’hybridation.

Microsoft et l’ombre du cloud

De son côté, Microsoft mise tout sur xCloud. L’idée : ne plus avoir besoin d’une machine spécifique, mais transformer n’importe quel appareil en console via le streaming. Sur smartphone, tablette, ou même TV connectée. Dans l’absolu, c’est une autre manière d’atteindre le même but que Nintendo : délivrer l’expérience de salon partout.

La différence, c’est que Microsoft croit au tout-dématérialisé, tandis que Nintendo continue de s’appuyer sur un hardware tangible. Deux visions opposées, mais une même finalité : effacer la frontière entre salon et mobilité.


Tous les éditeur de jeux dans une machien

Une convergence assumée

Avec la Switch 2, le marché vit un moment charnière. On assiste à une convergence des attentes :

➤ Les joueurs veulent la puissance et le confort du salon.

➤ Ils exigent aussi la flexibilité et la liberté du portable.

➤ Les constructeurs, eux, adaptent leurs stratégies pour ne pas rester en marge.

Dans ce contexte, les PC portables gaming type Steam Deck, ROG Ally ou Legion Go n’apparaissent plus comme des gadgets. Ils deviennent des concurrents indirects des consoles, en proposant la même promesse : jouer partout, sans perdre en qualité.

La Switch 2, plus encore que la Switch originelle, envoie un message clair : le futur est hybride. Les joueurs n’achèteront plus une machine pour un usage exclusif. Ils veulent un appareil (ou un écosystème) qui suive leur rythme de vie.

Nintendo a montré la voie, les PC portables la consolident, et Sony comme Microsoft devront tôt ou tard franchir ce cap. La question n’est plus “si” la convergence s’imposera, mais “comment” chaque acteur l’adoptera