À la simple vue de son écran saturé de projectiles et de ses héroïnes chibi aux couleurs pastel, Trouble Witches FINAL! pourrait passer pour un cute’em up de plus, coincé quelque part entre folklore japonais et nostalgie arcade. Une première impression trompeuse. Derrière son esthétique volontairement sucrée se cache un shoot’em up méthodique, lisible et redoutablement bien pensé, qui mise moins sur la punition brute que sur la compréhension fine de ses systèmes.
Version la plus aboutie d’un titre né en 2007, Trouble Witches FINAL! Episode 01 – Daughters of Amalgam arrive aujourd’hui sur consoles avec l’ambition claire de réconcilier accessibilité et exigence, scoring et lisibilité, plaisir immédiat et maîtrise sur le long terme.
Un chaos sous contrôle
À l’écran, le jeu ne fait pas semblant : les rideaux de boulettes sont nombreux, rapides et parfois intimidants. Pourtant, très vite, une évidence s’impose : Trouble Witches est un jeu précis, presque pédagogique dans sa manière d’exposer ses règles.
La première clé de lecture réside dans la hitbox. Ici, pas de flou ni d’approximation : elle est matérialisée par une petite étoile située au niveau du ventre de la sorcière. Tout le reste du sprite n’est que décoration. Cette clarté transforme radicalement l’expérience. Là où certains bullet-hell jouent sur la frustration ou l’ambiguïté, Trouble Witches assume une approche honnête : si vous êtes touché, vous savez pourquoi.
Cette lisibilité permet des esquives extrêmement serrées, presque chirurgicales, sans jamais donner l’impression que le jeu triche avec le joueur.
Le Magic Circle, pivot du gameplay
Le cœur du système repose sur une mécanique centrale : le Magic Circle. Activable à volonté (mais soumis à des points de magie), ce cercle magique fige instantanément les projectiles ennemis standards, stoppant net leur progression. Les boulettes se regroupent alors autour du joueur, créant une bulle de tension permanente.
Mais cette défense n’est jamais gratuite. Pour transformer cette situation à son avantage, il faut détruire l’ennemi à l’origine des tirs. Une fois éliminé, toutes les boulettes figées se métamorphosent en pièces.
Le jeu opère alors un basculement subtil : ce qui était une menace devient une opportunité. Le danger n’est plus d’éviter les tirs, mais de prendre le risque de s’en approcher, de temporiser, de choisir le bon moment pour frapper. Une mécanique élégante, qui renouvelle intelligemment la dynamique classique du shoot’em up.
Scoring, boutiques et gestion du timing
Ces pièces, une fois générées, tombent rapidement vers le bas de l’écran. Leur récupération est loin d’être automatique, et c’est volontaire. Trouble Witches ne récompense pas seulement la survie, mais la prise de décision.
Tout au long des niveaux, des boutiques apparaissent régulièrement. Elles permettent d’acheter jusqu’à trois sorts offensifs, utilisables librement pendant l’action. Ces sorts prennent généralement la forme de tirs spéciaux temporaires, mais leur véritable intérêt se révèle ailleurs : lors de leur activation, le personnage attire automatiquement toutes les pièces présentes à l’écran.
Le jeu encourage alors une lecture fine des patterns ennemis. Déclencher un sort au moment où l’écran déborde de projectiles permet de transformer une phase dangereuse en pluie de récompenses. Le scoring devient une question de timing, de sang-froid et d’anticipation, bien plus que de simple réflexe.
Le jeu propose douze personnages jouables, chacun disposant de son propre familier, de variations de tirs et de subtilités de gameplay. Sans bouleverser la formule, ces différences suffisent à renouveler les sensations et à encourager l’expérimentation.
Côté contenu, Trouble Witches FINAL! aligne huit modes de jeu, pensés pour couvrir un large spectre de joueurs : du mode le plus accessible à des variantes nettement plus exigeantes, orientées scoring et performance. Si certaines déclinaisons restent proches dans leur structure, elles remplissent leur rôle : prolonger la durée de vie et pousser le joueur à affiner sa maîtrise.
À partir de certains niveaux de difficulté, il est possible d’enregistrer ses scores, confirmant l’orientation clairement arcade du titre. L’existence d’un classement en ligne reste toutefois floue, ce qui pourra frustrer les amateurs de compétition pure.
Une esthétique assumée, sans révolution
Visuellement, Trouble Witches FINAL! mélange personnages 2D dessinés à la main et décors en 3D retravaillés, dans un style anime coloré et assumé. L’ensemble est propre, lisible et cohérent avec l’identité de la série, sans chercher à impressionner techniquement.
L’esthétique kawaii pourra rebuter certains joueurs, mais elle sert efficacement la clarté de l’action. À aucun moment la lisibilité ne souffre de l’abondance d’effets visuels, un point essentiel pour un jeu de ce genre.
Points forts
➤ Système de Magic Circle intelligent qui transforme la défense en prise de risque
➤ Lisibilité exemplaire du bullet-hell (hitbox claire, patterns honnêtes)
➤ Gameplay précis et gratifiant, basé sur le timing plus que sur la punition
➤ Orientation scoring bien pensée à haut niveau de difficulté
➤ 12 personnages jouables avec de vraies variations de sensations
➤ Esthétique cohérente et claire, au service de l’action
➤ Accessible en surface, exigeant sur la durée
Points faibles
➤ Plusieurs modes de jeu assez proches les uns des autres
➤ Peu de renouvellement dans la structure des niveaux
➤ Absence de classement en ligne clairement identifié
➤ Direction artistique très marquée, qui ne plaira pas à tous
Verdict
Trouble Witches FINAL! Episode 01 est un bullet-hell plus intelligent qu’il n’y paraît. Derrière son apparente générosité et son habillage mignon se cache un shoot’em up rigoureux, pensé pour récompenser la compréhension des systèmes autant que l’adresse pure. Simple à prendre en main, mais exigeant à haut niveau, il s’adresse avant tout aux joueurs qui aiment apprendre, optimiser et scorer.
Un titre honnête, maîtrisé, parfois répétitif dans ses modes, mais suffisamment solide dans son cœur de gameplay pour justifier qu’on y revienne, encore et encore. Un cute’em up qui ne prend jamais le joueur pour un idiot.