1) D’où l’on vient : les forteresses de l’âge d’or
2) Le pivot : de la console au service
C’est avec le Game Pass que Microsoft change radicalement de cap. L’objectif n’est plus de vendre une machine, mais un écosystème : un abonnement, du cloud, du cross-play, une continuité de compte qui dépasse la console.
En février 2024, Phil Spencer officialise ce virage : “Les exclusivités ne seront plus la règle, mais l’exception.” Désormais, peu importe que l’on joue sur PC, sur Xbox, dans le cloud… ou même sur PlayStation. Ce qui compte, c’est que l’on joue à un jeu estampillé Xbox.

3) Les premiers jalons (2024–2025)
➤ Sea of Thieves ouvre la marche en avril 2024 sur PS5 : le jeu grimpe immédiatement en tête des téléchargements et dépasse le million de ventes sur la console de Sony. Preuve qu’un “jeu service” peut prospérer hors de son écosystème d’origine.
➤ Hi-Fi Rush débarque en mars 2024 sur PS5. Le jeu rythmique de Tango Gameworks, déjà culte, trouve une seconde jeunesse et prouve que les pépites créatives Xbox peuvent séduire ailleurs.
➤ Pentiment et Grounded suivent, deux productions Obsidian très différentes — jeu narratif d’auteur et survival multijoueur — mais avec le même objectif : élargir le public.
➤ Enfin, en août 2025, l’impensable se produit : Gears of War: Reloaded sort sur PlayStation. Plus qu’un remaster, c’est un symbole. Campagne en 60 FPS, multijoueur en 120 FPS, cross-play et cross-progression : Marcus Fenix devient l’ambassadeur d’un futur où l’identité Xbox dépasse la console.

4) Pourquoi Microsoft ouvre les frontières
Ce virage repose sur plusieurs logiques :
➤ Élargir l’audience : chaque portage multiplie les joueurs touchés, et donc les futurs abonnés potentiels au Game Pass.
➤ Amortir les coûts : avec des budgets AAA toujours plus lourds, impossible de rentabiliser sur un seul parc.
➤ Faire vivre les licences : mieux vaut des millions de nouveaux fans que des exclusivités confinées.
➤ Changer l’image : se positionner comme éditeur global plutôt que comme simple constructeur de consoles.
Le remake de Gears of War incarne la nouvelle approche Xbox. Tout y est pensé pour séduire au-delà du cercle des fidèles : graphismes modernisés, confort technique (60 FPS en solo, 120 FPS en multi), communauté unifiée grâce au cross-play.
Gears n’est plus seulement l’étendard Xbox de 2006 : c’est un classique réinventé, ouvert à tous.

5) Et demain ?
Chez les joueurs PlayStation, l’accueil est triomphal : l’accès à des licences jusque-là verrouillées est une aubaine. Chez certains fans Xbox, les doutes subsistent : si tout devient accessible ailleurs, pourquoi acheter une console ?
La réponse de Microsoft est claire : l’expérience Xbox n’est plus une boîte, c’est un service. Game Pass, cloud, continuité de compte : voilà le cœur de la marque.
À court terme, on peut s’attendre à d’autres portages ciblés : des remasters emblématiques, des jeux communautaires à fort potentiel multijoueur, voire un spin-off de Halo. L’idée n’est pas d’ouvrir toutes les vannes d’un coup, mais de sélectionner les licences capables d’élargir l’audience sans cannibaliser le Game Pass.
À long terme, Xbox pourrait devenir un acteur hybride : constructeur, éditeur multi-plateformes et opérateur de services. La guerre des consoles laisserait place à une guerre des écosystèmes.

Gears of War: Reloaded sur PS5 n’est pas un accident, c’est un manifeste. Les exclusivités jadis infranchissables deviennent des passerelles. Les murs s’effritent, les licences circulent.
Pour certains, c’est une trahison. Pour d’autres, une libération. Mais une chose est sûre : Microsoft écrit un nouveau chapitre où l’important n’est plus où l’on joue, mais à quoi l’on joue.