La démo s’ouvre sur un petit tableau scénarisé qui fait office de didacticiel intelligent. On apprend d’abord à se repérer : distinguer les pièces, comprendre l’organisation des lieux, et identifier les clients. Rapidement, un héros fait irruption dans notre établissement, manifestement épuisé et sur les nerfs.

En cliquant sur lui, un livre de dialogues s’ouvre : à nous de choisir les bonnes répliques pour calmer la situation, jusqu’à lui trouver un coin tranquille où il pourra se reposer. Cette approche narrative, toute simple mais joliment mise en scène, pose d’emblée l’ambiance du jeu : on est à la fois aubergiste, confident, et pompier social d’un monde fantasy pas toujours très sobre.

Une fois cette mise en bouche passée, on entre dans le vif du sujet. Le joueur hérite d’une taverne abandonnée et doit la remettre sur pied avec un budget de départ limité. Première mission : installer une tireuse, embaucher une serveuse, et remplir les tonneaux. On choisit ses boissons selon leur qualité et leur prix d’achat, en ajustant le tarif de vente pour maximiser les bénéfices.

La démo met déjà en avant le cycle jour/nuit : la journée, on sert, on encaisse et on gère les imprévus. La nuit, la taverne ferme, le personnel nettoie puis se repose — d’où l’importance d’aménager une salle de repos confortable, sous peine de voir les employés sombrer dans la fatigue.

Tous les trois jours, le brasseur passe nous rendre visite. C’est le moment crucial pour refaire le plein de barrils, choisir les fûts de meilleure qualité, et diversifier l’offre pour satisfaire tous les clients. Ces derniers ont chacun leurs préférences : à nous de jongler entre variété, marges et contraintes de stockage.

Et attention à la gestion : les frais journaliers peuvent vite nous plonger dans le rouge, et si le compte n’est pas soldé dans les 15 heures de jeu, c’est la faillite. Rien de dramatique dans cette démo, mais le ton est donné : la gestion financière sera au cœur de l’expérience finale.

Chaque journée ou presque, un voyageur spécial vient franchir la porte de la taverne, déclenchant une courte séquence narrative interactive. Ce sont de petites histoires à choix multiples, semblables à la rencontre initiale avec le héros.

Ces moments viennent rythmer la routine et renforcent le charme de l’univers : on sent la volonté de Greenheart Games de mêler gestion et narration, pour que notre taverne vive au-delà de ses chiffres et de ses fûts de bière. L’idée fonctionne bien, et même si ces saynètes sont encore limitées dans la démo, elles ajoutent une vraie touche d’âme à l’ensemble.

L’autre grande force de Tavern Keeper, c’est sa dimension créative. On ne se contente pas d’acheter des meubles : on peut aussi les fabriquer et les décorer soi-même grâce à un atelier complet.

Chaque élément du décor peut être ajusté, combiné ou personnalisé. Les possibilités semblent immenses, et on devine déjà que la communauté s’en donnera à cœur joie pour concevoir les tavernes les plus folles. Cet aspect bac à sable, presque “cosy builder”, apporte une respiration bienvenue entre deux services mouvementés.

Visuellement, Tavern Keeper adopte un style low poly clair et chaleureux, très lisible, qui colle parfaitement à son ton bon enfant. Les animations sont fluides, les personnages expressifs, et l’ensemble dégage une vraie personnalité.

L’interface est intuitive, les menus bien pensés, et on s’habitue très vite à la navigation. Côté son, rien à redire : la musique et les bruitages participent pleinement à l’immersion, recréant une ambiance de taverne vivante, avec rires, cliquetis de verres et feu qui crépite au fond de la salle.

La démo s’achève une fois la première étoile de réputation obtenue, récompense qui débloque de nouveaux meubles et salles, avant de conclure sur un choix narratif dont les conséquences seront peut-être visibles dans la version finale.

Un petit cliffhanger malin, qui laisse présager une progression à la fois narrative et économique.

Ces quarante minutes passées derrière le comptoir de Tavern Keeper laissent une impression très positive. Sous ses airs détendus, le jeu cache une gestion fine, des mécaniques solides et un potentiel créatif énorme. Le tout porté par une direction artistique charmante et une narration bien dosée.

Si la version finale parvient à enrichir ce mélange sans le complexifier à outrance, Tavern Keeper pourrait bien devenir la nouvelle référence des simulateurs de taverne. En attendant, on garde nos tabliers prêts et nos fûts bien frais : on a déjà hâte de rouvrir les portes pour la suite.